Un oeuf par jour

Et pourquoi donc nos poules ne feraient-elles pas un oeuf tous les jours puisqu'elles ont les moyens de le pondre ? Pour répondre à cette question, il faut bien connaître le mécanisme physiologique de la ponte.

Lorsque l'oeuf quitte son usine de fabrication, l'ovaire envoie un signal hormonal "prêt à nouveau" dans le sang d'où il est recueilli par des cellules nerveuses non identifiées ; ces cellules envoient en retour un signal "départ" à l'hypothalamus qui retransmet le message par une émission d'hormone à l'intention de l'hypophyse. Celle-ci enfin envoie un ordre "marche" à l'ovaire (probablement, l'hormone lutéinisante).

La production de l'oeuf, depuis l'ovulation jusqu'à la ponte, demande environ 24 heures ; chaque oeuf devrait donc pouvoir suivre le précédent et être pondu chaque jour à la même heure. Mais, la perfection de ce cycle est interdite pour deux causes : la première est que les cellules nerveuses ne répondent pas immédiatement au signal de l'ovaire ; la seconde est qu'elles ne passent leur propre signal qu'à condition d'avoir reçu le stimulus lumineux nécessaire.

Prenons l'exemple d'une première ovulation survenue juste au moment de l'éclairage matinal, à 6 heures. L'ovaire envoie son signal, mais par suite des délais de transmission signalés, il ne lâchera le second ovule que 26 heures et 47 minutes plus tard, soit à 8 H 47 ; pour la même raison, le troisième ovule de la série ne sera pondu qu' à 11 H 34 et, si tout va bien, le quatrième prendra le départ à 14 H 21. A ce stade, il y a peu de chances que les cellules nerveuses réagissent au stimulus lumineux, car elles n'y sont sensibles que 8 à 9 heures au maximum. La série s'arrêtera donc au quatrième oeuf (ou, au mieux au cinquième) et la ponte marquera un arrêt d'un jour avant de repartir sur une nouvelle série.

La conclusion logique que l'on devait tirer d'un tel schéma est qu'il était possible d'éviter cet arrêt d'un jour en accompagnant soigneusement le cycle hormonal par un éclairage, non plus journalier, mais calculé sur 26 à 27 heures. Pourtant, tous les efforts déployés sur ce thème sont demeurés sans effet et les pondeuses ont continué à profiter de leur "jour de repos" comme si elles obéissaient à une horloge interne minutieusement réglée.