La
façon de donner
vaut autant que ce que lon donne
Examinons
attentivement un problème très important dont
léleveur est entièrement responsable et
qui devrait être inconnu dans tout élevage
digne de ce nom, puisque finalement sa solution
nentraîne pas de difficulté majeure.
Il sagit de ce que lon doit donner aux volailles
ou mettre à leur disposition, soit par intermittence,
soit en permanence.
Tous les techniciens, tous les manuels daviculture
recommandent par exemple de donner à
discrétion, aux pondeuses, un supplément
calcique sous forme de maërl, coquilles
dhuîtres, carbonate de calcium granulé,
etc., et il faut reconnaître que ce conseil est
très largement suivi. Rares sont en effet les
éleveurs auxquels on peut reprocher de ne pas
utiliser un de ces produits, mais ce nest,
hélas, que trop souvent pour le principe et pas assez
pour le but recherché, cest-à-dire
lefficacité.
Nombreux sont en effet les élevages où
lon recherche avant tout à se donner
limpression davoir fait son devoir, mais
où cependant on se contente de distribuer le
supplément calcique dans une vieille mangeoire, quand
ce nest pas une vulgaire caisse, plus ou moins enfouie
dans un coin du poulailler, et qui contient souvent autant
de litière que de calcium. Seules quelques poule
iront de temps en temps y gratter et finiront à la
longue par la vider ; oubliée dans son coin, elle
aura alors toutes les chances de ne pas être remplie
avant longtemps. Privées du supplément de
calcium, ne serait-ce que pendant quelques jours, les poules
en deviendront avides et en consommeront une trop grande
quantité à la fois le jour où on
daignera à nouveau leur en distribuer.
Une telle façon de procéder est absolument
à déconseiller.
Mais le cas du supplément calcique nest pas le
plus important et nous nen voulons pour preuve que les
traitements vermifuges qui sont trop souvent
bâclés. Ces traitements se font presque
toujours par lintermédiaire de leau de
boisson, ce qui donne lieu très souvent à des
choses invraisemblables, telles que le remplacement des
abreuvoirs automatiques apr quelques abreuvoirs
syphoïdes auxquels les poules ne sont nullement
habituées. Pour les leur faire mieux accepter, on les
assoiffe dès la veille, ce qui permet, le lendemain
matin, lors de la mise en place des abreuvoirs
syphoïdes, dassister à des bousculades
organisées. Seuls les sujets les plus forts
arriveront à boire quelques gorgées de la
précieuse solution qui sera en fin de compte surtout
absorbée par les plumes du cou et de la tête
des volailles qui auront ainsi loccasion de se
mouiller copieusement.
Mais le traitement aura été fait à la
date voulue et sil sensuit une baisse de
production (ce qui naurait rien
détonnant), ou si des vers font leur apparition
quelque temps après, léleveur
sestimera hors de cause alors quil en est en
réalité directement responsable.
La distribution des produits hydrosolubles par le
système de la cuve ou du réservoir alimentant
les abreuvoirs, si elle donne généralement de
meilleurs résultats quavec les abreuvoirs
syphoïdes, ne met pas toujours léleveur
à labri de ces inconvénients car il
arrive souvent que la pression soit insuffisante pour faire
fonctionner convenablement les abreuvoirs, surtout ceux qui
se trouvent aux extrémités du poulailler, et
certains parquets (toujours les mêmes dailleurs)
nont pas droit à un traitement correct.
Bien sûr, on arrive quand même à faire
couler ces abreuvoirs de temps en temps en les
coinçant par exemple avec du fil de fer, mais ce
nest pas une solution valable et il arrive
fréquemment que lon oublie de retirer la cale
à temps, et le produit actif ne manquera pas de se
répandre dans la la litière où il
naura évidemment pas leffet
escompté.
Il ne sagit pas ici de faire le procès du
matériel utilisé, mais dattirer
lattention de léleveur sur le fait
quil doit agir dans son propre intérêt,
et non pour le principe. Cest seulement une question
de bon sens et de bonne volonté.
Dautre part, et en ce qui concerne les normes
relatives aux mangeoires, abreuvoirs, pondoirs, etc, il ne
sagit pas seulement de prévoir la
quantité, car tout ce matériel doit être
réparti intelligemment à
lintérieur du poulailler pour donner les
meilleurs résultats.
Le problème du rang social, étant donné
son importance, doit être considéré avec
une attention toute particulière, car il est bien
certain que sil ny a quun abreuvoir dans
un poulailler et même si sa longueur est suffisante,
certains sujets devront se faire sérieusement
malmener pour arriver à boire et pas toujours
à leur soif ; le problème est dailleurs
le même pour la mangeoire contenant le
supplément calcique.
Il est bien évident que nous aurions la
possibilité de citer une foule dautres exemples
du même genre. Sans que lon puisse reprocher
systématiquement aux éleveurs de ne pas suivre
les normes courantes délevage, on constate
fréquemment que ces derniers ne savent pas ou ne
veulent pas, souvent seulement pour des raisons de
commodité, agir dans leur intérêt.
Lorsque le technicien qui constitue pour eux une
sécurité dont ils ont souvent conscience, leur
donne un conseil, ils ont tout avantage à le suivre,
non pas forcément à la lettre, mais surtout
avec tout le bon sens voulu.
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