A
propos de la génétique du
pigeon
Avant que nous
abordions nous-mêmes le sujet, au cours des
années 70, la génétique du pigeon
était quelque chose de quasiment inconnu dans notre
pays, même si divers auteurs s'étaient
auparavant essayés dans des démonstrations
compliquées, extraites de manuels de zoologie, et
auxquelles ils ne semblaient pas comprendre grand chose
eux-mêmes. Ces tentatives n 'ont d'ailleurs jamais eu
de suite.
Lorsque nous parlons de génétique, il faut
préciser qu'il ne s'agit que d'un nombre
limité d'éléments connus qui concernent
surtout les couleurs, et ce que l'on a coutume d'appeler les
structures du pigeon.
En abordant les lois élémentaires de
l'hérédité, il n'a jamais
été question dans notre esprit,
d'épater qui que ce soit, même si le terme de
génétique est encore pour beaucoup
rébarbatif et mystérieux, en raison
essentiellement de la complexité de cette science, et
aussi de la façon maladroite dont certains ont
cherché à la présenter.
Pour notre part, et dans toute la mesure du possible, nous
nous sommes efforcés d'aborder et de traiter le sujet
de la façon la plus simple, pour que chacun puisse
comprendre sans avoir à se livrer obligatoirement
à des réflexions ardues. La pratique du petit
élévage, telle que nous l'entendons, est un
dérivatif ; il ne faut pas qu'elle devienne une
corvée.
Néanmoins, lorsque l'on s'intéresse vivement
à un sujet et parfois même
passionnément, il est normal que l'on cherche
à acquérir des connaissances approfondies. Si
la colombiculture se limitait à donner du grain et de
l'eau à des pigeons, juste pour qu'ils puissent se
maintenir en vie, il est certain qu'elle manquerait
singulièrement d'intérêt.
Or, quand par exemple, un éleveur choisit ses
reproducteurs dans un but bien précis (couleurs,
formes, etc...), il fait de la génétique sans
le savoir. Par conséquent, et plutôt que d'agir
de façon hasardeuse, il vaut bien mieux qu'il
opère en connaissance de cause si on lui en donne les
moyens. Il faut donc là aussi, démystifier le
sujet, et considérer que la génétique
au niveau qui nous intéresse est l'application de
quelques lois destinées à simplifier le
travail de l'éleveur, tout en le rendant plus
intéressant.
Encore faut-il que les informations qui sont
dispensées dans ce but, soient avant tout exactes, et
formulées dans des termes qui ne rebutent pas le
lecteur.
Une information technique fausse est très
dommageable, car elle peut être colportée
pendant des années, voire même des dizaines
d'années ; les exemples, hélas, ne manquent
pas chez nous. Il vaut donc mieux ignorer certaines choses,
plutôt que de retenir des inepties. Par ailleurs, il
est difficile d'expliquer simplement des choses
compliquées ; les traités de zoologie
regorgent, en matière de génétique, de
termes barbares, de schémas compliqués, de
symboles spéciaux, et cela fait très "savant"
que de les recopier tels quels, mais l'efficacité
d'une telle publication est nulle quand elle s'adresse
à des profanes.
A moins qu'ils aient l'intention de se saborder, ou qu'ils
se contentent d'une routine sans attrait, les
éleveurs ont donc tout intérêt à
prendre leur information là où elle est
dispensée de façon sérieuse ; c'est un
travail qui ne peut s'improviser.
La qualité de nos informations assurant la
réussite de notre magazine, a fait
inévitablement des envieux, et la tendance
générale est d'essayer de s'aligner sur ce que
nous faisons. Nous avons déjà eu l'occasion de
le souligner, car beaucoup de sujets importants sur la
colombiculture n'avaient jamais été
traités avec le sérieux nécessaire
avant que nous le fassions. Pour ne parler que de la
génétique, la plupart des
éléments que nous avons publiés sont
connus depuis plusieurs dizaines d'années au moins,
et encore est-il bon de préciser qu'il s'agit de
données spécifiques au pigeon. Rien ni
personne n'empêchait donc les prétendus
spécialistes de notre colombiculture, de
s'intéresser à la question.
Il a fallu pourtant que nous nous y mettions, pour que
certains se croient obligés de nous imiter . C'est
ainsi que nos publications ont fait l'objet d'un plagiat en
règle par des auteurs d'occasion qui se gardent bien
de mentionner leur "source d'inspiration",
procédé ni élégant, ni
très honnête.
En matière d'élevage, dans la pratique il est
extrêmement souhaitable que les colombiculteurs
enregistrent et fassent part des résultats qu'ils
obtiennent, même incidemment. En revanche, pour en
tirer des conclusions et à plus forte raison des
décisions, il est indispensable de connaître
parfaitement le sujet, et nous ne craignons pas de dire que
dans notre pays, personne ne remplit actuellement cette
condition.
En effet, voici par exemple, comment les chercheurs
américains spécialisés, qui sont les
orfèvres en la matière, conçoivent
l'exécution de tests d'élevage indispensables
à l'examen d'un facteur inconnu chez le pigeon :
1 - Décrire dans le détail, la
singularité du caractère à
étudier, et tout ce qui s'y rapporte.
2 - Pratiquer des accouplements avec des sujets de type
sauvage, en utilisant autant que possible les deux
sexes.
3 - Observer et enregistrer dans la descendance, toutes les
différences par rapport au type sauvage.
4 - Faire reproduire ensemble, plusieurs couples de la
première génération (F1), en notant les
observations faites sur au moins 20 descendants.
5 - Accoupler des sujets de première
génération (F1), d'une part aux pigeons du
départ qui présentent le caractère
inconnu, et d'autre part à des sujets de type
sauvage. Elever au moins une douzaine de chacun des produits
issus de ces accouplements, et les comparer aux sujets de
première génération (F1), et aux
pigeons de type sauvage.
6 - Examiner les différences pouvant exister entre
les sexes, analyser les proportions, et procéder
à un classement d'après le phénotype
(aspect général).
7 - Si les résultats font apparaître clairement
qu'il s'agit d'un caractère nouveau, on peut alors
essayer de donner un nom à la mutation intervenue, et
de lui trouver un symbole. Procéder aux
vérifications nécessaires en élevant au
moins 50 sujets des différents accouplements.
8 - Enregistrer toutes les informations mettant clairement
en évidence les résultats obtenus, et alors
seulement les publier.
Nos lecteurs peuvent apprécier le sérieux de
ce genre d'opération. Malgré cela, et en
connaisseurs qu'ils sont, les chercheurs américains
restent toujours sur une prudente réserve, et se
gardent bien de claironner n'importe quelle conclusion
hâtive.
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