Le logement des pigeons

Pour la plupart des animaux élevés de façon plus ou moins intensive, il existe des normes précises pour leur logement. En ce qui concerne le pigeon, il faut bien reconnaître que nous n'en sommes pas encore là. Néanmoins, certaines règles générales restent applicables si l'on ne veut pas aller directement à l'échec ; rappelons donc ces quelques données de base : veiller à une orientation correcte du local, c'est-à-dire Sud-Est, Sud ou Sud-Ouest, suivant les régions ;

- faire en sorte que les oiseaux n'aient à souffrir ni de l'humidité, ni des vents dominants ;

- prévoir une aération suffisante, tout en évitant les courants d'air (ce qui n'est pas toujours facile) ;

- empêcher l'intrusion d'animaux malfaisants, et notamment des rats ;

- ne jamais surpeupler.

Cela n'est évidemment pas suffisant pour savoir comment on doit installer un pigeonnier moderne, en vue d'obtenir les meilleurs résultats possibles. Pour en connaître davantage, il est indispensable de tenir compte des moeurs du pigeon, de son caractère, et même de sa psychologie.

Le pigeon est un oiseau rustique qui ne craint guère le froid, et apprécie fort de temps à autre, une douche à l'eau de pluie, même en hiver. Il aime aussi les bains de soleil, et lorsqu'il ne couve pas, il préfère les endroits bien éclairés. En revanche, pour installer son nid, il choisit un endroit assez sombre où il n'accepte aucun de ses congénères, hormis bien sûr son conjoint. Il est particulièrement attaché à l'endroit où il a élu domicile, au point qu'il lui arrive de se laisser massacrer par un voisin querelleur plus fort que lui, plutôt que de céder la place. Même vis à vis de l'homme, certains sujets lorsqu'ils sont au nid, se montrent particulièrement agressifs, alors que de nature, le pigeon est peureux.

Il faut donc tenir compte de ces différents éléments pour apporter à chaque couple reproducteur dont on attend un certain rendement, le maximum de confort et de bien-être, ce qui n'est pas chose aisée lorsqu'on pratique un système d'élevage intensif. Dans ce cas, et contrairement à ce qui se passe pour les amateurs, on cherche en effet, pour des raisons économiques, à loger le plus de couples que l'on peut, dans un local d'élevage qui soit aussi économique que possible. Cela ne va évidemment pas sans problème.

En raison de son excellente résistance au froid, il est généralement admis que le pigeon peut se contenter d'un abri beaucoup moins élaboré que ceux qui sont nécessaires dans la plupart des autres productions animales organisées. C'est ainsi que l'on a tendance à laisser une large place à la volière, aux dépens du local couvert attenant, qui est plus ou moins vaste et bien fermé en fonction du climat et de la saison. Il ne fait aucun doute que le coût de la surface couverte s'en ressent favorablement, celle-ci étant avant tout destinée à abriter les oiseaux des intempéries, et aussi les accessoires indispensables tels que les nids, les mangeoires, les abreuvoirs, etc...

La volière procure certains avantages de l'élevage en liberté, sans en avoir les inconvénients. Le pigeon, nous l'avons vu, aime prendre des bains de soleil, et apprécie également de temps à autre, une bonne averse au cours de laquelle il en profite pour faire sa toilette. La volière, si elle est de dimensions suffisantes, lui permet également de prendre un peu plus d'exercice.

LE SOL DU PIGEONNIER

Que ce soit pour la partie couverte ou pour la volière, le sol doit avant tout :

a) éviter l'humidité ;

b) empêcher le passage des rats.

Pour ces deux raisons essentielles, la préférence va au sol en ciment recouvert de plusieurs centimètres de sable que l'on a soin de renouveler aussi souvent que nécessaire. Une pente suffisante doit être prévue pour éviter toute stagnation de l'eau provenant des abreuvoirs, des baignoires, et bien sûr de l'eau de pluie.

Le sol, constitué d'un grillage surélevé, à mailles de 15 x 18 ou 19 x 19 millimètres, est une solution qui, à priori, paraît assez séduisante, car elle permet de bien isoler les oiseaux de leurs déjections, ce qui semble souhaitable sur le plan sanitaire. Dans la pratique, ce genre de réalisation est peu commode, relativement coûteux, et en définitive, ne présente pas grand intérêt sauf peut-être pour la volière. A l'intérieur, il apporte une solution à peu près radicale au problème des couvées au sol.

DENSITÉ DE LOGEMENT

On admet qu'elle peut varier sensiblement en fonction de la conception du bâtiment, et aussi de la taille des oiseaux.

Dans la plupart des cas, il est toutefois peu raisonnable de dépasser deux couples par mètre carré ; trois couples constituent déjà l'extrême limite.

Pour ce qui est de l'unité d'élevage, les avis sont partagés ; pour des raisons sanitaires, et de contrôle de la production, on préconise 30 couples au maximum, mais il arrive que des unités plus importantes donnent satisfaction.

AMÉNAGEMENT INTÉRIEUR

Les mangeoires :

Le meilleur modèle est celui qui évite le plus possible le gaspillage. Il existe dans le commerce, des mangeoires à trémie - souvent de grande contenance - qui peuvent être très utiles.

Les abreuvoirs :

Les modèles à niveau constant sont les plus pratiques ; ils sont quasiment indispensables dans les élevages d'une certaine importance. Dans tous les cas, il convient de ne pas perdre de vue que pour s'abreuver convenablement, le pigeon a besoin d'une certaine profondeur d'eau, et à ce point de vue, les abreuvoirs étudiés pour les volailles ne sont guère adaptés.

Les baignoires :

S'il est exact que le pigeon aime se baigner, même en hiver, il n'en est pas moins vrai que le bain ne lui est pas indispensable. De ce fait, dans les élevages qui dépassent le cadre de l'amateurisme, la baignoire est un accessoire peu usité. Sur le plan sanitaire, sauf s'il s'agit de permettre l'utilisation d'un antiparasitaire externe non toxique, le bain n'est pas à recommander car l'eau est rapidement souillée, et peut se transformer, surtout en été, en véritable bouillon de culture que les pigeons sont susceptibles de boire.

Les perchoirs :

Il en faut suffisamment, car le pigeon est un oiseau qui n'aime guère rester longtemps au sol. L'idéal est le petit support individuel qui évite les batailles incessantes.

Les nids :

La case d'élevage de dimensions souvent importantes (jusqu'à un demi mètre cube pour un seul couple), n'est utilisable que par les amateurs.

En élevage intensif, chaque couple reproducteur doit pouvoir disposer d'un ensemble composé de deux nids juxtaposés, chaque nid ayant approximativement les dimensions suivantes : 30 x 25 x 25 cm. Devant le nid, une planchette verticale est nécessaire pour retenir la paille, tandis qu'une autre planchette plus large (une douzaine de centimètres), disposée horizontalement et qui peut être le prolongement du plancher des nids, sert de planche d'envol et de promenoir.

Pour limiter la fréquence des disputes entre couples, il est nécessaire que la séparation entre les unités de nids doubles, empiète sur le promenoir de façon à bien délimiter chaque ensemble ; l'intimité des couples est ainsi mieux assuré, et cela est une bonne chose pour la production.

Le matériau qui convient le mieux pour la construction des nids, est le bois. Pour le nettoyage, il est indispensable que les nids soient démontables, car les pigeonneaux salissent énormément, surtout à partir de la deuxième semaine de leur vie.

Précisons pour terminer que le bâtiment d'élevage, ainsi que son mobilier, doivent être aussi fonctionnels que possible, avant tout pour faciliter la tâche du colombiculteur. Pour ce qui est des pigeons, s'ils apprécient un certain confort (espace suffisant, propreté, absence d'humidité), ils n'ont que faire du luxe qui n'a pour eux aucun sens, et qui peut être ruineux pour l'éleveur.