La coccidiose,une maladie très rare
chez les oiseaux de cage

Il est peu de maladies qui soient à ce point (et à tort) ancrées dans l’esprit des amateurs et des éleveurs. Il faut dire, à leur excuse, que l’on ne compte pas les livres sur les oiseaux ou un chapitre réservé aux maladies fait une large place à la coccidiose. Cette croyance remonte sans doute à l’époque où tout ce qui s’écrivait sur les maladies des oiseaux était déduit sans preuves, de ce que l’on savait de celles du poulet.

Manque de chance, le poulet, avec le lapin, sont les seuls animaux de la basse-cour à faire une coccidiose très grave ! Alors que chez nos oiseaux de cage, la coccidiose (qui est l’isosporose dans leur cas) est une maladie très rare et en général assez peu grave.

La rareté et la faible gravité de cette parasitose s’expliquent assez facilement par :

1) - le milieu où vivent les oiseaux : la contamination ne peut se faire que par un parasite qui a évolué dans le sol ou dans un milieu humide et chaud, conditions non réunies en cage.

2) - le peu de sensibilité des oiseaux à l’isosporose. Nous avons dit que le poulet était le seul oiseau de basse-cour gravement atteint (et encore n’est-il victime que de deux espèces de coccidies sur les 9 que l’on connaît chez lui !) et ni les pintades, ni les dindons, ni les canards ne sont souvent atteints bien que l’on connaisse les espèces de coccidies qu’ils peuvent héberger ; on peut dire que l’exception n’est pas l’oiseau de cage qui est rarement atteint, mais bien le poulet qui l’est souvent et gravement !

On nous demande encore souvent si les oiseaux peuvent être contaminés par les poulets ... ou les lapins. La réponse est formelle, c’est non. Tous ces animaux de basse-cour sont victimes de coccidies du genre Eimeria qui sont spécifiques d’une seule espèce. Les coccidies du poulet sont inoffensives pour le dindonneau ou le caneton.

Par contre, chez les oiseaux, les Isospora ne sont pas spécifiques et la contagion entre espèces différentes est possible. On les a même trouvées chez la poule chez laquelle elles ne causent aucune maladie. A ce titre la poule pourrait contaminer les oiseaux mais uniquement par le sol, risque minime.

L’ookyste de coccidie (Eimeria ou isospora) peut se conserver vivant très longtemps (un an environ) et l’espoir de le détruire par des antiseptiques est vain : il résiste à tout et au laboratoire, quand on veut vérifier ces ookystes et les débarrasser des microbes, on les met pendant quelques heures dans un mélange d’acide sulfurique et de bichromate !

On le voit, un parasite qui a la vie aussi dure que l’idée de la coccidiose dans l’esprit des éleveurs d’oiseaux !

Quelques notions à connaître

La coccidiose sous une forme grave est exceptionnelle chez les oiseaux de cage et plus spécialement chez les canaris et perruches et, même sous cette forme, elle ne cause pas de diarrhée hémorragique qui est un symptôme propre au poulet.

Le parasite a un cycle évolutif compliqué qui se passe dans l’intestin de l’oiseau et un cycle plus simple qui se passe dans le milieu extérieur où il est rejeté sous forme d’un kyste, avec les fientes. A ce stade, ce kyste est inoffensif. Il ne devient dangereux qu’après une évolution de 48 heures au minimum si les conditions sont favorables (chaleur et humidité) et qui peut être de plusieurs jours dans le cas contraire ou même, à l’extrême, ne jamais se produire.

Cette évolution conduit à la "sporulation" du kyste et c’est ce kyste sporulé qui peut provoquer la maladie. Pour que la coccidiose soit grave, il faut que l’oiseau absorbe un grand nombre de kystes sporulés (plusieurs centaines de mille). Les conditions de la sporulation sont rarement réunies dans une cage et cela met l’oiseau à l’abri de ces fortes contaminations, ainsi que nous l’avons déjà dit.

Outre sa résistance aux agents chimiques, déjà signalée, l’ookyste sporulé peut survivre à peu près un an dans le milieu extérieur. La contamination importante des oiseaux n’est possible que dans une volière avec un sol en terre gardant l’humidité et, même dans ces conditions, il est rare de voir des coccidioses graves, ce qui prouve bien que les coccidies des oiseaux sont peu pathogènes.

Il est donc grand temps que cette idée de la coccidiose, cause de tous les maux, soit une bonne fois pour toutes abandonnée par les éleveurs et amateurs ... et aussi par ceux qui parlent ou écrivent sur les maladies en ne faisant que reprendre des notions anciennes et périmées qui ne reposaient sur rien . . . sauf sur le poulet !