Le laboratoire de diagnostic
Une aide, pas une solution infaillible

Beaucoup de personnes pensent qu’en envoyant un sujet à l’autopside, elles vont avoir infaillibement une réponse leur expliquant les causes de sa mort. C’est faire preuve d’un optimisme très exagéré, et cela pour diverses raisons.

Ces raisons sont économiques et techniques.

Raisons économiques :

Le prix qui peut être demandé pour l’examen d’un oiseau est forcément limité. Si l’on compare ce prix à ceux qui sont pratiqués par les laboratoires d’analyse médicale pour une recherche précise et unique, on comprend que l’examen de l’oiseau ne peut être qu’un examen de dépistage, puisque pour un prix inférieur, il consiste en un examen total avec autopsie, recherches parasitologiques et bactériologiques.

Raisons techniques :

L’état dans lequel on reçoit l’oiseau après 24 à 72 heures de transport, limite le nombre d’examens qui peuvent être faits valablement ; le seul fait que l’oiseau soit refroidi interdit la recherche des protozoaires flagellés et de ce fait on est encore très mal renseigné sur le rôle d’un parasite comme la trichomonose chez les oiseaux de cage. Le fait qu’il ait subi un début de putréfaction interdit tout examen histologique (1) valable, même si le temps et le matériel que cela demande étaient compatibles avec le prix demandé.

Après avoir vu ce que l’examen ne pouvait pas faire, on peut essayer de voir ce qu’il permet de découvrir.

L’autopsie de l’oiseau mort, reçu en bon état (24 à 48 h de transport) permet de constater les lésions présentes par les divers organes et d’obtenir parfois une réponse définitive dans des cas comme : acariase respiratoire, pseudotuberculose, lankesterrellose, hépatite alimentaire (sous réserve d’un examen bactériologique négatif), accidents de ponte, aspergillose (en général). Cependant, un certain nombre de constatations permettent de faire des hypothèses qu’il faudra confirmer par les examens parasitologiques ou bactériologiques.

L’examen bactériologique permet de découvrir les germes présents dans les organes et qui ont pu être la cause de la maladie. Cependant, tout n’est pas si simple, car après la mort, au cours du transport, des microbes sans action pathogène précise peuvent envahir de nombreux organes. Ils proviennent souvent de l’intestin. Ce sont des colibacilles, des streptocoques non pathogènes. Il est alors très difficile d’interpréter leur présence du fait que dans certains cas ils peuvent causer une maladie. Le problème ne se poserait pas à l’examen d’un malade reçu vivant et sacrifié pour l’examen... Dans la pratique, on cherche à se faire une idée plus précise de leur rôle en examinant des organes qui sont moins facilement contaminés : la moelle osseuse, le cerveau où, en cas de maladie secpticémique caractérisée, on isole le microbe pathogène.

Un résultat par élimination :

En dehors des cas (qui sont une minorité) où l’examen permet de trouver la cause de la mort, l’examen permet donc surtout d’assurer qu’il ne s’agit pas d’une cause connue et surtout d’une cause capable de donner lieu à une contagion. Cela répond d’ailleurs au souci majeur de ceux qui envoient un oiseau mort, souvent le seul, mais dans des conditions qui les inquiètent et leur font redouter le début d’une épidémie. L’examen ne pemet pas de déceler la cause de la mort, en règle générale, mais il permet d’écarter l’hypothèse de l’épidémie.

La mortalité normale et les maladies encore inconnues :

Il est normal que dans toute population il y ait un certain pourcentage de décès soit par vieillesse, soit par des accidents. Ce terme d’accident doit être pris dans son sens le plus large comprenant des affections individuelles non contagieuses et pas seulement les chocs. Quand une volière contient 100 oiseaux, il est inévitable que dans l’année on observe quelques mortalités. Il n’y a là rien d’inquiétant ni qui justifie le recours au laboratoire ; en règle générale, ce dernier ne pourra pas donner les causes exactes de la mort et, même si des examens très poussés donc onéreux, sur des cadavres très frais, le permettaient, ce serait sans intérêt pratique. L’inquiétude n’est justifiée que si les cas se répètent et surtout avec des symptômes similaires sur toutes les victimes.

La collaboration de l’éleveur :

Le laboratoire de diagnostic n’a rien d’un institut médico-légal qui, à partir d’un cadavre dont il ne sait rien, doit être capable de déterminer la cause de la mort : naturelle, accidentelle, criminelle... Le laboratoire de diagnostic a absolument besoin d’en savoir le plus possible sur le sujet qu’on lui demande d’examiner. Il est donc indispensable que l’expéditeur mette dans le colis un rapport le plus exact possible de ses observation et des conditions d’élevage. A la question «importance de la mortalité ?» on voit souvent répondre par un simple chiffre qui ne veut rien dire si on ne sait combien il y a d’oiseaux dans l’élevage ni en combien de temps ces morts se sont produites. Trois oiseaux morts sur 10 en 3 jours, c’est très inquiétant, mais sur 200 et en 3 mois, il n’y a pas de quoi s’inquiéter !

(1) Il s’agit de l’examen microscopique de fines coupes faites sur les organes et que l’on colore. Il permet de déceler des anomalies particulières causées par des virus, des microbes ou diverses affections.