La
mort subite chez les oiseaux
Un oiseau est
trouvé mort, alors qu'il n'était pas malade,
ou bien on le trouve encore vivant, au fond de la cage,
agité de tremblements et de troubles nerveux, avec
une respiration haletante et sa mort survient rapidement, en
quelques minutes ou quelques heures, mais toujours moins de
24 heures.
L'examen du crâne de l'oiseau laisse presque toujours
voir un large épanchement de sang dans les os de la
boîte cranienne. Parfois, l'hémorragie
intéresse le cerveau.
Les explications données ont été
nombreuses depuis qu'André et Tournut, dans les
années 60, aient attiré l'attention sur cette
lésion.
Rappelons que, selon eux, cette lésion était
consécutive à un choc, l'oiseau se cognant sur
une paroi à la suite d'une frayeur ou d'une bataille.
Selon eux, ce risque serait d'autant plus grand que les
oiseaux souffrent souvent de décalcification, rendant
leurs os plus fragiles.
Cependant, le choc mécanique n'explique pas tout car
l'accident est parfois observé sur des oiseaux seuls
dans une petite cage où ils n'ont donc pu ni se
battre, ni prendre assez d'élan pour heurter les
barreaux de façon dangereuse. De plus, ces
"hémorragies méningées" s'observent en
série dans des maladies aiguës (variole) ou dans
des intoxications graves (émanations de
rôtissoire), donc indépendamment de tout
traumatisme crânien.
Il était donc nécessaire de trouver une autre
explication et de connaître l'avis de divers
chercheurs. Fiennes signale ces hémorragies dans l'os
de la boîte crânienne. Il considère
qu'elles se produisent pendant l'agonie de l'oiseau et sont
consécutives à une défaillance du coeur
droit (1). Il attribue d'ailleurs à la même
cause la congestion pulmonaire souvent trouvée
à l'autopsie et qui n'est nullement
caractéristique.
Fiennes ne nie pas la possibilité d'une cause
traumatique, mais il constate que le terme
d'hémorragie méningée est incorrect car
l'épanchement de sang n'intéresse que l'os qui
est creux, mais ni les méninges ni le cerveau.
Quand il y a traumatisme, il y a des traces de contusion au
niveau de la peau et lésions du tissu
cérébral. Il nous est parfois arrivé de
voir à l'examen des oiseaux avec les globes oculaires
très enflés et saillants, ce qui avait
inquiété l'éleveur qui pensait à
une variole. En fait, les globes oculaires étaient
remplis de sang et il y avait une hémorragie
cérébrale importante. Le choc ne faisait aucun
doute.
La défaillance cardiaque amène à poser
une autre question : comment expliquer les cas
spontanés qui surviennent chez un oiseau en
état normal ?
A cela Fiennes donne une autre explication : dans une cage
ou volière d'ensemble, un oiseau malade cherche
à cacher son état afin de ne pas être
attaqué par les autres ; pourtant, il ne le fait
qu'au prix d'un effort et d'une tension intenses qui
conduisent à la défaillance cardiaque.
Reste à expliquer les cas qui surviennent sur des
oiseaux seuls dans une cage. Fiennes reconnaît que,
compte tenu de notre connaissance imparfaite des
mécanismes de retour du sang au coeur par le
système veineux chez l'oiseau, on ne peut pas
expliquer ces phémonèmes de façon
entièrement satisfaisante.
Stress et autres hémorragies
Le même auteur, Fiennes, rapporte que des
hémorragies intestinales peuvent être la
conséquence d'un stress alors qu'à l'autopsie
on a trop souvent tendance à les imputer à une
entérite hémorragique d'origine infectieuse.
Selon lui, les oiseaux, comme d'autres animaux, sont
sensibles aux stress psychologiques et un simple changement
de cage ou de propriétaire peut en un jour ou deux
amener la mort par hémorragie intestinale. Ce qui
n'empêche pas que cela peut favoriser le
développement de certains germes pathogènes
dans l'intestin, qui ajoutent leur action propre. Fiennes
estime que ces hémorragies intestinales sont
liées à un état d'hypotension et
probablement à un obstacle qui gêne le retour
du sang au coeur.
On voit que les problèmes des oiseaux et leur mort
subite, relativement fréquente, n'ont pas fini de
nous intriguer, mais bien souvent s'expliqueraient surtout
par une défaillance cardiaque, dans laquelle les
problèmes d'ordre psychique sont aussi (sinon plus)
importants que les maladies infectieuses et contagieuses que
beaucoup de personnes ont tendance à suspecter
dès qu'un accident se produit.
(1) Cela ne signifie pas qu'il y ait deux coeurs ! Le "coeur
droit" est simplement constitué de l'oreillette et du
ventricule droit.
|