Coloration et luminosité

Le mode d’administration des colorants ne semble pas influer de façon notable sur la coloration finale. La santé des oiseaux est un point essentiel et divers éleveurs nous ont rapporté que les oiseaux qui souffrent de troubles intestinaux se colorent moins bien que ceux qui sont en bonne santé. Cela n’est pas pour surprendre et les aviculteurs qui produisent du poulet jaune, savent depuis longtemps que toutes les maladies, mais surtout les affections intestinales, ont un effet désastreux sur la pigmentation des poulets.

Or, cette pigmentation est liée à l’absorption intestinale du carotène et de ses dérivés ; elle est donc tout à fait comparable à la pigmentation des oiseaux... même si le pigment ne se fixe pas au même endroit ! L’absorption des caroténoïdes se fait au niveau de l’intestin et le bon état de ce dernier conditionne l’absorption maximale.

La nature du colorant a une grande importance et il semble se vérifier que l’usage de la canthaxanthine seule est une cause de manque de luminosité. Il est souhaitable de l’associer à 1/4 ou 1/3 d’apocarotène-ester ou de béta-carotène. La couleur obtenue est plus brillante surtout chez les sujets vraiment intensifs, capables de fixer beaucoup de pigment.

La dose de colorant

On ne peut tirer aucune conclusion car tous les éleveurs qui emploient des pigments concentrés distribuent des doses énormes par rapport aux capacités de fixation dans le plumage. Les oiseaux ainsi traités contiennent tellement de pigments que tous leurs organes sont colorés ; leur graisse est tellement rouge que son simple contact avec une feuille de papier teinte celle-ci en rouge vif. Il n’est pas certain que ces fortes doses soient seulement inutiles. Diverses observations laissent penser qu’elles peuvent être nocives et causer une irritation de l’intestin dont les capacités d’absorption seraient réduites mais compensées par l’importance de la dose utilisée.

Les adjuvants peuvent être utiles. Les anti-oxygènes protègent les pigments contre leur destruction pour oxydation et peuvent,dans les cas d’emploi de doses faibles, améliorer la pigmentation. La vitamine F qui assure le brillant du plumage (et du pelage) peut améliorer la luminosité. Divers essais que nous avons fait faire par des éleveurs ont révélé une action favorable. La vitamine E qui agit comme anti-oxygène dans l’organisme, pourrait avoir un effet favorable mais surtout dans le cas de l’emploi des faibles doses de pigment.

Les anti-pigments

Le principal est la vitamine A. Elle a une composition voisine de celle du carotène (on sait qu’une molécule de carotène se scinde en deux pour donner deux molécules de vitamine A) et on peut penser qu’ à fortes doses, elle entre en compétition avec les caroténoïdes quand il s’agit de traverser la paroi intestinale comme si celle-ci avait une capacité d’absorption totale limitée. Cependant, là encore, la quantité massive de pigments utilisée fait que même si la quantité absorbée est plus réduite, il en reste encore assez pour ce que le plumage peut fixer...

La brillance

Il semble bien que, outre la coloration fondamentale du plumage qui est primordiale, le brillant du plumage puisse jouer un rôle très important. Une expérience très courante permet de comprendre ou au moins de réaliser le phénomène. Si l’on peint une surface avec une peinture mate de couleur vive, un rouge par exemple, on sait qu’en séchant et en devenant mate, la peinture va perdre de son éclat. En vernissant la surface peinte avec un vernis transparent, on la rend brillante et en même temps on augmente la vigueur de la couleur qui devient plus éclatante, plus “lumineuse”. On peut considérer qu’un phénomène semblable se produit chez l’oiseau et la présence de traces d’huiles sur la plume peut jouer le même rôle que le vernis sur la peinture. Nous avons vu que la vitamine F permettait d’arriver à ce résultat par la voie alimentaire. Il est donc toujours préférable d’en apporter une certaine proportion en même temps que les colorants.