Pour réussir une bonne saison
de reproduction

Il n’est pas question ici de passer en revue toutes les pratiques utilisées pour le logement et l’alimentation de ces reproducteurs mais d’insister sur tous les apports extérieurs de compléments alimentaires et éventuellement de médicaments qui vont leur être nécessaires pour la réussite de la reproduction : cette réussite passe par des accouplements féconds, une ponte sans problèmes, des oeufs qui éclosent bien et qui donnent des jeunes qui s’élèvent bien et parviennent sans ennuis et sans pertes à l’âge adulte.

Pour l’oiseau sauvage, la saison de reproduction est déclenchée par l’allongement de la durée du jour ; cependant elle correspond aussi à un accroissement des ressources alimentaires végétales et aussi, même pour les granivores, animales. L’oiseau qui sort d’une période de froid, d’obscurité et de jeûne relatif reçoit donc du printemps une double sollicitation : hormonale par la lumière qui agit sur l’hypophyse et alimentaire qui lui permet de reconstituer ses réserves.

Ces réserves sont faites de graisse mais aussi de protéines dont l’apport permet une reconstitution de ses masses musculaires souvent réduites par le jeûne.

L’oiseau de cage, lui, n’a pas connu ce jeûne. Il est donc prêt à répondre au processus hormonal souvent plus tôt dans la saison que l’oiseau sauvage. Il ne faut pas pour autant négliger l’importance des compléments alimentaires qu’il faut lui donner. Ils se résument en vitamines, minéraux, protéines.

LES VITAMINES

Toutes les vitamines sont nécessaires au développement de l’embryon et toute carence en une seule des onze vitamines nécessaires aux oiseaux peut compromettre les éclosions. On pourrait donc en conclure que toutes sont des “ vitamines de reproduction ”. On a pourtant réservé plus spécialement cette dénomination à la vitamine E (ou alpha-tocophérol) qui agit plus spécialement sur la fécondité des reproducteurs. Toutes ces vitamines n’existent pas dans les rations habituelles des oiseaux et il est donc nécessaire de les apporter sous forme de produits polyvitaminés liquides ou en poudre soluble. Cet apport doit être régulier mais tout excès est inutile et il suffit de donner ces compléments une ou deux fois par semaine. Ces formules sont étudiées pour une supplémentation alimentaire normale et, en période de reproduction, il est souhaitable de renforcer la dose de vitamine E, donnée en même temps.

De nombreuses idées fausses existent à propos des vitamines. L’huile de foie de morue n’est pas la “ meilleure vitamine ”. Si elle apporte les vitamines A et D, elle contient en plus des matières grasses très nocives, pouvant jouer le rôle d’antivitamine E, évidemment déplorable chez les reproducteurs. On dispose de vitamines A et D pures, bien préférables, qui sont présentes dans les produits polyvitaminés.

Les fruits, la verdure ne contiennent pas toutes les vitamines comme on le croit trop souvent et ne mettent pas à l’abri des carences.

Il faut noter aussi qu’un produit vitaminé un peu ancien a seulement perdu une partie de son activité, mais sans devenir nocif (exception : l’huile de foie de morue qui rancit).

Enfin, il est très difficile ou impossible d’assurer une bonne conservation des vitamines au contact des minéraux et il faut donc se méfier des produits dits “ minéraux et vitaminés ” ; ils sont toujours “ minéraux ” quand on les utilise, mais sans doute peu “ vitaminés ” !

LES MINÉRAUX

Ils ont une grande importance au moment de la ponte (coquille) et de la croissance des jeunes (formation des oàl La formation de la coquille ne requiert que du calcium, celle des os, en plus du phosphore. Le meilleur supplément est le phosphate bicalcique qui doit figurer dans tous les aliments pour les jeunes. L’os de seiche, les coquilles d’huîtres ne contiennent que du calcium.

LES PROTÉINES

Ce sont les matières azotées qui constituent les tissus vivants, les muscles. Il y a des protéines végétales (plus abondantes dans les graines grasses) et des protéines animales apportées par l’oeuf, la viande, le poisson, les insectes ; il faut bien distinguer un besoin quantitatif qui est souvent satisfait mais qui ne résoud pas tous les problèmes. En effet, les protéines sont formées d’un complexe, enchaînement de molécules d’acides aminés divers. L’animal est capable d’en reconstituer un grand nombre à partir d’autres mais certains doivent être présents en l’état dans la ration, car l’animal ne sait pas les fabriquer. En général, les problèmes liés aux carences protéiques s’expliquent bien plus par un manque de certains de ces acides aminés spéciaux, dits essentiels, que par un manque global de protéines. Cela tient au fait que les sources de protéines ne sont pas assez diversifiées et que ces acides aminés essentiels ne sont pas contenus dans leurs molécules, ou en quantité insuffisante.

En général, en début de ponte, la femelle puise dans ses réserves et compense cette carence. Cependant, ces réserves s’épuisent et, en deuxième moitié de saison, on voit les éclosions baisser et souvent devenir nulles. La méthionine est l’acide aminé essentiel qui joue le plus souvent ce rôle limitant. Il suffit de l’apporter en faible quantités pour voir les éclosions remonter en flèche. C’est ce que de nombreux éleveurs ont observé avec l’emploi d’un complexe que beaucoup utilisent maintenant pour éviter les déboires si fréquents de fin de saison.

LES MALADIES ET LA MORTALITÉ DES JEUNES

Nous avons longuement parlé de cette question. On doit seulement retenir que les élevages qui ont subi des mortalités au nid par colibacillose ont tout intérêt à procéder au “ blanchiment ” des reproducteurs, sans attendre les premières mortalités au nid.

LA COLORATION

Les éleveurs de canaris lipochromes ont l’habitude de distribuer des pigments dès le début afin d’avoir des rémiges et rectrices bien colorées sans attendre la grande mue. De grands progrès ont été faits dans les pigments et l’obtention d’une canthaxanthine soluble a permis de réaliser un produit que l’on peut aussi bien ajouter à l’eau qu’à l’aliment. Sa teneur élevée en principes actifs et la meilleure assimilation due à sa solubilité permettent des résultats remarquables tant sur les jeunes que sur les adultes.