Des oiseaux qui vont mal ...
Attention à la Mycotoxicose

Dans un élevage, on observe de nombreux oiseaux pas en forme mais sans signes précis, certains se tiennent mal sur leurs pattes. Ils sont anémiés et le plumage est terne. Soumis à un examen de laboratoire, on ne trouve rien.

Un changement total d'alimentation amène alors un rétablissement spectaculaire de 8 à 10 jours à peine. Le responsable : un champignon microscopique qui a produit ses toxines (ou moycotoxines) dans les graines qui ont pourtant le plus bel aspect.

Qu'est-ce donc que cette mycotoxicose ?
Certaines moisissures (une petite minorité heureusement) sont capables de produire une toxine dangereuse au cours de leur développement qui reste absolument invisible : les graines ne sont pas moisies et rien ne permet de suspecter la présence du champignon et de la toxine produite. Il n'est pas nécessaire que les graines soient visiblement humides ; un taux d'humidité de 12 à 13 % suffit et c'est la quantité d'eau trouvée dans de nombreuses graines normales.

Contre la mycotoxicose, il n'existe aucun traitement curatif et la seule solution est de retirer l'aliment toxique. La mycotoxine la plus courante et la plus anciennement connue est l'aflatoxine (produite par Aspergillus flavus) mais il en a été découvert bien d'autres et la liste n'est sûrement pas close !

Le danger de la mycotoxicose chez les oiseaux n'est pas connu depuis longtemps et les risques sont très variables suivant la variété de graines qui contient la toxine. Si celle-ci est présente dans une graine entrant en faible proportion dans le mélange (3 à 5% par exemple), le risque est mineur. Si, au contraire, elle est dans l'alpiste qui représente une part importante du mélange pour canaris, ce risque n'est pas négligeable.

Rôle toxique des mycotoxines : l'aflatoxine en particulier a la propriété de favoriser la fixation de graisse dans le foie, qui est alors atteint d'hépatite avec dégénérescence graisseuse. L'apparition, dans une volière, de nombreux cas d'hépatite peut donc faire suspecter une mycotoxicose.

Beaucoup de mycotoxines ont pour effet de réduire ou même de supprimer les défenses immunitaires. C'est pourquoi il est fréquent de voir les oiseaux qui en absorbent, être victimes des maladies les plus diverses souvent dues à des microbes secondaires non spécifiques qui n'auraient pas de prise sur des sujets normaux.

Chez les volailles, elles peuvent provoquer des lésions hémorragiques, mais cela ne semble pas avoir été observé chez les passereaux.

Le danger des graines germées
De tous temps, et encore plus quand les vitamines étaient moins connues en détail, il était une pratique courante dans les types d'élevage, de distribuer aux animaux des graines que l'on avait fait germer. Ces germes au début de leur développement constituent une source très riche en de nombreux principes. Il y a longtemps que cette pratique est délaissée dans les grands élevages et les connaissances actuelles permettent d'équilibrer une ration sans avoir recours à ce genre de procédés compliqués. Pourtant les amateurs sont restés fidèles aux graines germées... comme à l'huile de foie de morue !

Ce n'est pas faute cependant que ces graines aient été parfois rendues responsables d'accidents qui ont toujours été mis sur le compte d'un abus. On considère maintenant que ces accidents s'expliquent par une mycotoxicose. Le milieu humide et tiède requis pour faire germer les graines, constitue en même temps un milieu idéal pour les champignons producteurs de mycotoxines. C'est pourquoi, on peut conseiller d'ajouter à l'eau qui sert à mouiller les graines un produit antifongique non dangereux (propionate de sodium ou sorbate de potassium) capable d'éviter le développement des moisissures.

Les mycotoxines plus à craindre que les produits de "traitement"
Les produits chimiques employés pour le traitement des végétaux ou des graines sont la hantise des amateurs d'oiseaux qui souvent, souhaitent faire faire une analyse. Les mycotoxines sont bien plus fréquentes mais leur recherche est complexe et dans les laboratoires spécialisés qui la pratiquent, elle est chère. Il est évidemment plus simple et moins coûteux de se procurer d'autres graines et de voir si les oiseaux se rétablissent vite avec ce nouveau régime.