Quel aliment pour le sevrage ?

Au moment du passage de l'aliment liquide (lait maternel), à l'aliment solide, il esr normal que se créent des facteurs de stress dus au changement d'aliment, à la précocité de ce changement par rapport aux conditions physiologiques, et à la réduction du temps nécessaire pour habituer l'animal à une nouvelle alimentation, ce qui est très intéressante au point de vue technique.

Outre la nature physique des aliments et le moment où a lieu le changement, nous devons considérer les différences importantes de composition chimique, en quantité et en nature, de chaque composant, et les nombreuses conséquences que cela comporte au niveau de la digestibilité, de la valeur énergétique et des divers équilibres entre les composants.

Au cours de la période où s'effectue le sevrage, il est nécessaire qu'aient lieu d'importantes modifications de la physiologie nutritionnelle en rapport avec la digestion des aliments solides, avec modifications des fonctions enzymatiques et augmentation de la caecotrophie : augmentation qui signifie que le lapereau commence à digérer en adulte.

LES DEUX ASPECTS DU PROBLEME

A notre avis, on devrait considérer théoriquement la nature physique de l'aliment et sa composition chimique. Les expériences montrent qu'avec le sevrage au 24ème jour, les lapereaux s'adaptent parfaitement à une alimentation solide, pourvu qu'ils aient la possibilité d'accéder à une mangeoire durant environ une semaine avant d'être éloignés définitivement de leur mère.

On pourrait avancer encore davantage le sevrage en ayant recours aux aliments de remplacement du lait : il est possible qu'un jour la technologie mette au point des installations adaptées à l'allaitement grâce auxquelles on pourrait utiliser, éventuellement, un aliment liquide convenable.

A ce sujet, les expériences de sevrage très précoce à 14 jours avec un aliment liquide et avec du lait en pourdre délayé dans l'eau à haute teneur en protéines et en lipides, montrent que cette technique peut être adoptée.

Cependant, elle est pour le moment extrêmement compliquée, étant donné les soins et le travail qu'exige son application dans la pratique.

On a en effet procédé à une expérience avec une alimentation solide (convenablement modifiée dans sa composition chimique : protides 22,7%, graisses 3,6%, cellulose 14%), bien qu'il s'agisse de sevrer des lapereaux de deux semaines seulement.

Ceci prouve combien, même du simple point de vue scientifique, on est encore loin de pouvoir soumettre les lapereaux à une alimentation liquide ou semi-liquide en remplacement du lait maternel.

LAIT ET ALIMENT SOLIDE : DE GRANDES DIFFERENCES

A ce sujet, il faut remarquer que les différences sont très importantes. Dans le lait, le taux de matière sèche est sensiblement plus bas (28,4 contre 88-90% dans l'aliment).

Les matières azotées totales du lait de lapine représentent environ 45% de la matière sèche, contre 20% pour les aliments.

Quant au caractère qualitatif, on note l'absence de la caséine et de la lactalbumine, remplacées par des protéines d'origine végétale.

Les substances grasses tombent de 40% environ pour le lait à 3% pour les aliments, tandis que disparaissent les acides gras à chaîne courte.

Les extractifs non azotés constituent 50-55% des aliments, tandis que dans le lait de lapine il n'y a que 3% de lactose. De sorte que ces derniers composants, étant donné les différences en quantité et qualité, ne sont même pas comparables.

IMPORTANCE DE LA CELLULOSE

Sa présence est spécifique de l'alimentation solide. La cellulose est physiologiquement indiquée pour le lapin adulte, mais elle impose au lapereau une importante modification des fonctions digestives, surtout en ce qui concerne la flore microbienne.

Pour les sels minéraux, il existe une certaine analogie entre le lait de lapine et les aliments pour lapins. Il est donc plus facile de parvenir à une compensation qualitative.

Malgré ces profondes différences d'ordre quantitatif et qualitatif entre le lait de lapine et les aliments solides pour lapereaux, le sevrage précoce de ces derniers ne présente pas de difficultés particulières d'ordre pratique à partir de la 4ème semaine.

Il est cependant évident que le stress qui devra être surmonté, sera d'autant plus important que l'âge des lapereaux sera moindre, que le passage d'une alimentation à l'autre sera plus rapide, et que la composition des aliments sera chimiquement plus différente.

On a essayé d'élever la teneur en lipides de l'aliment de sevrage par une faible adjonction d'huile d'arachide (3-4%) mais ceci a provoqué une baisse de la digestibilité de tous les composants chimiques.

Les résultats pratiques ont donc été maigres ou négatifs. Ceci tendrait à prouver que, au moins en ce qui concerne la teneur en lipides, les lapereaux peuvent montrer très précocement leur aptitude à utiliser un aliment solide semblable à celui utilisé pour l'engraissement, sans qu'il soit nécessaire de faciliter le sevrage grâce à une alimentation à teneur énergétique plus élevée.