Utiliser la verdure

Le choix des aliments des lapins a une influence considérable non seulement sur leur santé, mais encore sur la rapidité de leur croissance et leur développement ainsi que sur la qualité de la chair. La chair du lapin, bien soigné et bien nourri est blanche, ferme, nourrissante, saine et savoureuse. Si les soins lui ont manqué ou si la nourriture a été défectueuse, cette chair a au contraire une saveur forte et désagréable, qu'on peut faire disparaître en partie en lui donnant une semaine ou deux avant le sacrifice une nourriture appropriée.

A l'exception des plantes vénéneuses, dont quelques-unes sont acceptées par les lapins affamés, toutes les autres peuvent leur être données. La nourriture herbacée peut constituer le fond de son alimentation, mais il mange également avec plaisir les grains, les fruits, les racines, le son, etc. Les plantes de la famille des légumineuses, sainfoin, luzerne, vesce, lentille, poids, haricots, les graminées qui constituent les prairies sauvages, la chicorée amère, la laitue sauvage, les feuilles et les jeunes branches d'arbres sauf le chêne et le peuplier, lui conviennent parfaitement. Il en est de même de la plupart des plantes parasites de nos jardins, des "mauvaises herbes" qu'il apprécie particulièrement surtout le séneçon, la renouée, la bourse à pasteur, le liseron, les mauves, le laiteron, etc. Il est friand de certaines plantes aromatiques et de celles qui renferment un suc laiteux et amer ainsi que des feuilles de maïs qu'il mange aussi à l'état sec, des plants de topinambours et de ses tubercules. Le maïs est pour l'éleveur une plante des plus précieuses. Ses feuilles sont très développées ayant un goût un peu sucré, très succulentes, constituent une nourriture de premier ordre à condition de ne pas être données exclusivement mais mélangées à du fourrage sec ou des herbes non aqueuses. Ses graines sont également excellentes, quoique des lapins non habitués jeunes ne les mangent pas facilement. Ils les mangent mieux si on les fait tremper avant de les leur donner.

Une plante également avantageuse est le grand soleil, aux fleurs énormes, dont le réceptacle est garni de grains blancs ou noirs. Il existe des variétés de cette plante dont la fleur atteint un diamètre de trente à quarante centimètres et qui peut contenir un litre de graines. Ces graines mûres peuvent être données aux lapins qui mangent volontiers les larges feuilles, un peu velues et qui rongent également la grosse tige garnie d'une moelle abondante. Le grand soleil constitue une nourriture excellente et économique : il peut se planter en bordure des jardins ou des champs où par sa haute taille ou ses fleurs remarquables, il produit un très bel effet. Il prospère surtout dans un sol un peu humide et bien fumé.

La nourriture herbacée n'est pas suffisante pour maintenir en bon état un lapin domestique. Il faut la compléter au moyen de graines, éventuellement de granulés, et de racines. Celles-ci sont surtout utiles en hiver où la nourriture verte fait presque complètement défaut, sauf les choux qu'on ne doit pas donner en trop grande quantité. Comme graines on donnera de l'avoine, du blé, du sarrasin, du maïs. Comme racines : des carottes, des topinambours, des panais, des raves, des pommes de terre cuites, des racines d'endives, des betteraves. Ces dernières renfermant beaucoup d'eau ne devront pas être données gelées ni en trop grande quantité et si possible coupées et roulées dans du son avant leur distribution, ce qui leur enlèvera une partie de leur humidité surabondante.

Les ressources les plus diverses sont à la disposition des éleveurs de lapins. Chacun d'eux, suivant les lieux, les saisons et les moyens pourra se tirer d'affaire et arriver à nourrir les hôtes de son clapier comme il convient, c'est-à-dire en variant les menus. Il ne faut pas croire que ce mode augmente forcément le prix de l'entretien des animaux. Quand tel est le cas le cuniculteur doit immédiatement modifier la composition de ses rations, car quand la qualité y est, la mesure peut être plus sévère. En tous cas aucun gaspillage ne peut être toléré et c'est là tout le secret d'une alimentation économique que chacun est sûrement à même d'adopter.