Reproduction du lapin en petit élevage

La lapine est une des femelles des plus productives si elle est de race sélectionnée. Il est normal qu'elle mette bas de 6 à 10 petits et quelquefois même davantage. Six petits c'est bien, dix c'est trop pour que la mère lapine puisse mener à bien l'élevage de toute cette nichée sans être usée prématurément. Il faut qu'elle puisse être conservée deux à trois ans pendant lesquels on la fera porter quatre fois par an pour en obtenir un rendement suffisant sans risquer un accident qui troublerait la production de l'élevage.

Précautions avant l'accouplement

Avant l'accouplement quelques précautions sont à prendre. Il s'agit d'abord de choisir la future reproductrice dans une souche de belle venue qui a poussé sans à-coup. Il est bon qu'elle appartienne à une lignée productive et soit issue d'une lapine qui donne en général plus de cinq sujets par portée et qui les nourrit sans difficulté jusqu'au sevrage. La lapine reproductrice ne sera jamais prise dans une première portée qui ne peut donner des garanties suffisantes.

Il faut ensuite la laisser se développer normalement et attendre qu'elle ait au moins 8 mois avant de la mener au mâle pour la première fois : on lui laisse le temps de se former bien qu'elle puisse reproduire avant cet âge. Un accouplement trop précoce pourrait entraîner une mise hors d'usage prématurée ou des accidents au moment de la mise bas.

Ni trop tôt, ni trop tard

Il ne faut la faire reproduire ni trop tôt, ni trop tard, car l'accouplement se fait parfois avec quelques difficultés quand la lapine devenue adulte n'a pas l'habitude du mâle. Dans ce cas comme dans celui d'accouplement trop espacé et toutes les fois qu'une lapine en bon état refuse le mâle il y a un moyen simple de provoquer l'envie du mâle : mettre la lapine dans la cage du mâle vidée de son occupant et l'y laisser vingt-quatre heures. L'odeur du lapin provoque chez elle le besoin de l'accouplement. Les exceptions à cette règle sont rares. Il existe un autre moyen plus simple mais moins régulièrement efficace : on met une poignée de la litière de la cage du mâle dans celle de la lapine récalcitrante.

Après l'accouplement

Aussitôt l'accouplement terminé, le mâle doit être séparé de la femelle ; une seule manifestation est suffisante et les deux animaux ne doivent jamais rester ensemble toute une nuit comme cela est fréquent. L'éleveur fera bien d'assiter à l'accouplement pour contrôler la manière dont il s'est effectué. Quand tout est normal le mâle tombe sur le côté avec un grognement très caractéristique. Si l'accouplement ne s'est pas produit dans les dix minutes qui suivent la réunion des animaux mieux vaut ne pas insister et les séparer quitte à essayer de nouveau le lendemain, à la tombée de la nuit de préférence, car le mâle est souvent plus actif à cette heure là.

Quatre portées par an

La durée de gestation chez la lapine est en moyenne de 31 à 32 jours. En ajoutant à ce temps cinq à six semaines pour l'élevage des lapereaux jusqu'au sevrage et quinze à vingt jours de repos pour la lapine avant un nouvel accouplement, cela fait à peu près trois mois, ce qui permet d'obtenir quatre portées par an et par lapine. L'idéal serait que chaque portée ne soit pas de plus de 6 à 7 lapereaux. Une lapine normalement nourrie mène à bien sans difficulté quatre portées de 6 à 7 lapereaux.

Avec l'alimentation traditionnelle des lapins, il était difficile d'obtenir d'une lapine une lactation suffisante pour que la croissance soit rapide. Les cages étaient occupées plus longtemps pour obtenir un animal de taille marchande et le matériel d'élevage était nécessairement plus important pour un même nombre de lapereaux. D'autre part, les petits, moins vigoureux, étaient plus sujets aux épidémies et la mortalité plus importante.

Avant de toucher à quoi que ce soit du nid on enlève la lapine de la case et on la met dans une caisse avec des aliments qu'elle aime bien pour l'occuper pendant la visite du nid. Puis on se frotte les mains avec une plante odoriférante dont le parfum masquera l'odeur humaine. Certaines lapines se désintéressent de leur progéniture quand elles sentent que leurs petits ont été touchés. Occupées ailleurs grâce à ce moyen elles ne s'en aperçoivent pas.

La visite du nid doit se faire le plus vite possible en le désorganisant aussi peu que possible. Les lapereaux les mieux conformés et les plus gros seront conservés d'abord et les autres sacrifiés à moins qu'ils ne puissent servir à renforcer une portée trop faible si l'éleveur a pris la précaution de mettre deux lapines au mâle à 24 heures d'intervalle. En prenant les mêmes précautions que pour la visite du nid l'égalisation des portées se fait sans ennuis.

L'alimentation de la mère

L'alimentation de la mère sera soignée pour qu'elle puisse mener à bien toute sa portée. Il ne faut pas oublier que la lapine doit boire : sans boisson il n'est pas de bonne production de lait donc de bonne nourrice. Qui plus est, tourmentée par la soif, la lapine peut même se laisser aller à tuer ses petits. Dans ce cas elle est un peu excusable. Mais si elle tue ses petits après avoir été bien soignée, elle n'a plus aucune excuse. Si après un deuxième essai le massacre se reproduisait, le seul remède serait de se débarrasser de la mauvaise mère.

Encore un détail : la cage ne doit être nettoyée à fond qu'au moment où les petits quitteront le nid. Cela doit être suffisant si l'éleveur a pris la précaution de nettoyer à fond la cage deux ou trois jours avant la mise bas et de la garnir d'une bonne litière épaisse. Un peu de paille, ou de litière fraîche, suffira à l'entretenir si elle devenait trop humide avant que les petits sortent du nid.

Pour faciliter l'établissement d'un cycle de reproduction normal. il sera bon que chaque lapine ait une fiche particulière sur laquelle on indique son nom, son origine. son âge, la date de la première saillie, les dates des saillies successives, celles des mises bas avec le nombre de petits. les dates du sevrage et les remarques diverses qu'on a pu faire.

Cette fiche fixée sur chaque case permet d'avoir instantanément tous les renseignements concernant chaque reproductrice. Un bout de crayon suspendu à une ficelle accrochée à un clou permettra d'inscrire aussitôt remarques et dates ce qui facilitera l'ordre dans l'organisation de l'élevage.

Il ne faut pas oublier le mâle

La lapine ne doit pas faire oublier le lapin. Son influence se faisant sentir sur la production de plusieurs lapines, elle jouera sur tout le clapier quand c'est d'un clapier familial qu'il s'agit. C'est dire que le choix du lapin est d'importance. Il pourra être pris dans l'élevage même et dans une lignée qui présentera les mêmes caractéristiques que pour la lapine. Mais il faudra attendre un peu plus longtemps, 9 à 10 mois, avant de le faire reproduire bien qu'il soit apte à le faire plus tôt. Ensuite mieux vaut ne pas lui faire faire deux saillies par jour, tout ceci pour éviter une usure prématurée. Bien nourri il pourra tenir son rôle pendant trois à quatre ans.

Le choix du mâle oblige à penser à la consanguinité quand il est pris dans l'élevage. Il faudra y faire attention et introduire dans le clapier un sang nouveau en achetant à l'extérieur un mâle dont l'origine et l'état de santé seront garantis sur facture.

Un mâle bien constitué et bien nourri est toujours prêt à saillir les lapines qu'on lui présente si l'accouplement se fait dans sa case. Le lapin est curieux et méfiant par nature ; transporté dans une cage inconnue il commencera par en faire l'inventaire sans s'occuper de la lapine, ce qui n'est pas du tout le résultat recherché par l'éleveur.

Ces quelques précautions prises il n'est pas difficile d'obtenir un cycle de reproduction régulier. La régularité des mise bas fait mentir le vieux dicton paysan qui accuse décembre d'être " un mois mort " ne permettant pas à la reproduction de se faire.