Conduite d'un élevage de lapins
de moyenne importance

Nombreux sont les éleveurs qui sont passés d'un élevage cunicole familial à l'élevage dit "fermier" ; par extension prequ'automatique du premier. Le nombre de leurs cages s'est accru, ils ont gardé quelques femelle, puis davantage, la rapidité de multiplication du cheptel de base a fait qu'un jour, par la force des choses, celui-ci a pris la dimension qui se situe entre l'élevage familial et la grande entreprise industrielle.

Les problèmes sont alors devenus différents. Il faut d'abord tenir compte du fait que le passage d'un très faible effectif à un autre beaucoup plus grand, a toujours été la conséquence de la réussite totale de la première entreprise, celle-ci due à des causes diverses selon les personnes, les lieux, ou encore les conditions d'élevage, sans oublier l'euphorie produite par les prix de vente élevés à certaines époques de l'année.

Pour ceux qui auront connu ce genre d'extension, les chances de réussite sont grandes car ils ont procédé par étape et, peu à peu, se sont familiarisés avec une concentration sans cesse plus dense ; mais, quoiqu'il en soit, la densité même de ces concentrations, le nombre de bouches à nourrir, des schémas de reproduction à appliquer, font qu'en fin de compte les structures différentes auront totalement changé les méthodes, d'où adaptation indispensable.

Sur le plan de l'hygiène et de la nutrition : plus rien d'approximatif ne sera possible, et il ne faudra à aucun prix s'appuyer sur les succès d'antan pour les considérer comme définitifs, par la vertu des simples tables de multiplication.

Nous craignons toujours l'excès d'optimisme engendré par une situation facile, si l'on considère que la réussite d'un petit élevage justifie nécessairement toutes les espérances dans une entreprise plus grande, mais du même genre, et qu'il suffit de prendre un crayon et une feuille de papier pour calculer les bénéfices futurs en fonction des profits passés.

Dans la pratique, la sélection devra nécessairement se faire à base de mâles testés sur leurs filles et leurs petites-filles, elle devra être rigoureuse et surtout ne pas se baser uniquement sur la beauté car ce qui importe au premier chef pour un reproducteur, c'est la qualité de sa reproduction ; seules les femelles prolifiques, très bonnes laitières (les qualités d'une laitière se mesurent à la rapidité de croissance de ses petits dans le cas de la plus faible mortalité) produiront des mâles futurs bons reproducteurs, qui donneront à leurs propres filles les qualités de leur grand-mère. L'introduction périodique de mâles testés provenant d'élevage de sélection génotypique et convenant à la morphologie des femelles qu'on élève sera bénéfique.

Dans les conditions actuelles du marché, les lapereaux, au moment de l'abattage, devront être âgés de trois mois au maximum, peser de 2 kg à 2,4 kg, et laisser des carcasses bien charnues variant entre 1,3 kg à 1,5 kg ; hors de ces critères, il n'y a aucune rentabilité possible.

Le minimum demandé à une femelle sera de 32 petits à l'année, ce qui implique 4 nichées menées à bien de 8 au moins.

L'ALIMENTATION
Elle doit être avant tout "fermière", avec un minimum de compléments provenant de l'industrie alimentaire.

Nous conseillons :
- des graines, des céréales mélangées : avoine 30%, orge 30%, blé 20%, maïs 20%.
- foin de luzerne : 150 g. environ,
- racines : carottes et rutabagas,
ceci par jour, en établissant les rations selon les besoins en quantité de chaque sujet et, bien entendu, de ceux des nichées. L'eau claire et parfaitement potable sera laissée en permanence à la disposition des lapins.

Dans le cas où l'on ne disposerait pas de foin de luzerne, il faudrait le remplacer par du foin de prairie ou de paille, mais en ajoutant à la ration 60 g. environ de granulés du commerce, qui seront distribués, mélangés aux graines.


MAINTIEN D'UN BON ETAT SANITAIRE
Quel que soit l'habitat choisi, les cages devront être maintenues dans un état de rigoureuse propreté et désinfectées périodiquement, tous les mois au moins.

Nous avons longuement développé antérieurement la prophylaxie par vaccination, et nous avons dit le bien que nous en pensions. Nous reviendrons tout de même sur la nécessité absolue de vacciner d'une façon systématique deux fois par an, à la fin du mois d'avril et à la fin du mois d'août, contre la myxomatose : nous insistons beaucoup sur le mot systématique car l'application du vaccin avant l'apparition des mouches et des moustiques, principaux agents vecteurs, immunise presqu'à 100% jusqu'au mois d'août, époque à laquelle un rappel protège jusqu'au printemps suivant.

Il ne saurait être question d'attendre des manifestations de la maladie dans le voisi nage pour appliquer un vaccin qui risquerait alors d'être inopérant car il ne faut pas perdre de vue que la durée d'incubation est de 12 jours à partir de la contamination et qu'il est fréquent de voir vacciner des animaux déjà atteints, mais ne présentant aucun signe extérieur, et sur lesquels on a très peu de chances d'agir efficacement. Il est bien entendu recommandé de stériliser soigneusement les aiguilles ou d'en changer entre chaque piqûre car, en ne le faisant pas, on contaminerait inmmanquablement tout le clapier, risquant en outre la transmission d'autres maladies dont un ou plusieurs sujets pourraient être atteints sans que l'on s'en aperçoive.

Ce que nous venons d'écrire s'applique à toutes les vaccinations et à toutes les injections de médicament.

Nous recommandons également de protéger l'élevage par les mêmes méthodes contre les maladies infectieuses et notamment la pasteurellose.

Contre les maladies à protozoaires dont la plus spectaculaire est la coccidiose, il n'existe de véritable prophylaxie que dans l'hygiène alimentaire, tenant compte de ce que nous avons écrit plus haut. Nous recommandons également de distribuer aux mères, 3 jours avant la mise-bas, et pendant quelques jours après celles-ci, des compléments minéraux (phospho-calcium).


METHODES A EMPLOYER POUR ASSURER UNE BONNE MARCHE DE LA REPRODUCTION
Tout d'abord les femelles ne doivent pas être mises au mâle pour la première fois avant l'âge de six ou sept mois minimum ; nous conseillons le sevrage au quarantième jour de la naissance des lapereaux ; les nichées devront être contrôlées quelques heures après cette naissance, équilibrées avec celles d'autres mères autant que possible, de manière à ne laisser que sept à huit lapereaux à chacune, à la condition que les âges soient les mêmes à deux jours après.

Ces contrôles et ces changements seront effectués hors de la présence des mères que l'on aura enlevées de leur cage au préalable.

Il n'y a aucune autre précaution nécessaire.

La femelle sera mise au mâle deux jours après le sevrage et le cycle recommencera.